Influence du cannabis sur le cerveau et la mémoire

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Le cannabis étant de plus en plus présent en France et dans les pays du monde, il est important de s’interroger sur ses effets à court et à long terme, ainsi que sur ses conséquences sur les plans physiques et psychiques. Sait-on vraiment ce qui se passe dans notre cerveau lorsque la substance est consommée? Explication scientifique! 

Le cerveau

Premièrement pour bien comprendre l’étendue du fonctionnement, revenons au fonctionnement du cerveau en lui même. Il faut savoir que le cerveau est divisé en deux parties, chacun contrôlant un côté de notre corps. Lorsque nous zoomons sur une partie ou l’autre, nous pouvons observer de la matière grise qui se trouve aux extrémité et qui est définie comme une sorte de tour de contrôle, c’est à dire que c’est la partie qui va prendre les décisions. A l’intérieur de cette matière grise nous retrouvons nos amis les neurones. Entre deux neurones nous trouvons des dendrites (qui rejoignent les neurones entre eux) qui vont transmettre des messages vers le corps cellulaire sous forme de courant électrique.

Outre la matière grise, nous disposons également de matière blanche, qui est principalement composée d’axones, qui ont pour rôle de relier entre eux les neurones des différentes zones du cerveau. 

Tous ces neurones sont reliés entre eux par ce qu’on appelle le câblage neuronal, et possède trois couches: la réception (information venant de l’extérieur), l’association (réception des signaux émis par la première couche) et enfin la réponse (distribuée par le système lorsqu’elle est activée par la deuxième couche).

Comment agit le cannabis sur notre cerveau?

Pour comprendre comment la substance agit sur notre cerveau, nous allons revenir sur plusieurs études menées par des chercheurs venant du monde entier. 

Depuis longtemps, nous savons que la consommation de cannabis perturbe le fonctionnement des neurones et multiplie le risque d’être victime de troubles mentaux. Seulement, jusqu’à aujourd’hui il n’y avait pas de preuve tangible. 

Jusqu’en novembre 2016, lorsque des chercheurs de l’université de Dallas, ont prouvé pour la première fois, grâce à deux études, que le cannabis entraîne une diminution du volume de matière grise ainsi qu’une modification de la matière blanche. 

Ces études opposent de gros fumeurs de cannabis a de non fumeurs. Suite à une comparaison des IRM pratiquées sur les sujets, il s’avère que chez les fumeurs, le volume de matière grise dans le cortex orbitofrontal (région du cerveau impliquée dans la motivation et la prise de décision) se trouvait diminué. Ceci étant proportionnel au nombres d’années de consommation. 

Cependant, il a été prouvé que le câblage neuronal est meilleur chez les fumeurs. 

Comment est ce possible?

C’est en fait très simple. En réponse à une détérioration d’une partie des neurones, le cerveau va compenser en renforçant le câblage neuronal, sous forme d’une augmentation de la vitesse de propagation de l’influx nerveux, aussi appelé épaississement de la gaine de myéline. Attention toutefois car cela n’est visible qu’à très court terme et cet effet faiblit à mesure que la consommation devient chronique, c’est seulement un mécanisme d’adaptation du cerveau, qui dans tous les cas, se détériore.

 

Les effets du cannabis sur la mémoire

Passons au vif du sujet avec une étude scientifique française, réalisée par l’INSERM de Bordeaux qui analyse plusieurs facteurs nécessaire à la compréhension de la corrélation entre cannabis et mémoire. 

Les chercheurs se sont basés sur le fait que les mitochondries sont comme  des centrales énergétiques. Les mitochondries transforment la majeure partie de l’énergie contenue dans les nutriments (glucides, lipides, protéines) en une molécule utilisable par la cellule que l’on appelle ATP (Adénosine Triphosphate).

Le métabolisme mitochondrial est donc crucial en ce qui concerne la transmission synaptique et la libération des neurotransmetteurs entre les neurones, ainsi que la propagation des influx nerveux, entre autre. 

Cannabinoïdes

Les cannabinoïdes affectent la mémoire en ralentissant l’activité mitochondriale. En effet, le THC altère le fonctionnement du cerveau et le comportement des individus en se liant et en activant les récepteurs cannabinoïdes du cerveau par un récepteur appelé CB1. 

Ces récepteurs sont présents à la surface des cellules du système nerveux central et jouent un rôle sur l’appétit, l’humeur, l’apprentissage et la mémoire.

Résultats concrets

Les cannabinoïdes sont en mesure d’activer le récepteur CB1, ce qui aboutit à une diminution du métabolisme mitochondrial et contribue à une altération de la physiologie et des fonctions du cerveau. C’est alors en perturbant l’activité mitochondrial que les cannabinoïdes affectent la mémoire.

 

L’énergie fournie par les mitochondries est essentielle à l’activité des neurones ; une diminution de l’activité mitochondriale est donc associée à une réduction de la propagation des influx nerveux et de la transmission synaptique entre les neurones de régions particulières du système nerveux central, notamment de l’hippocampe, une région impliquée dans les processus de mémoire. Ce changement dans l’activité neuronale explique pourquoi le composé THC diminue les performances mnésiques.” 

explique l’étude. 

Test de mémoire

Dans cette étude réalisée par la NorthWestern University (USA), on se penche sur le rôle de l’hippocampe, qui est une structure bilatérale du cortex qui joue un rôle important dans la gestion de la mémoire, surtout à long terme. 

Ces chercheurs ont donc effectué des tests de mémoires sur des consommateurs ayant commencé à fumer vers 16-17 ans et ayant arrêté il y a environ 2 ans. Le test reposait sur le fait d’écouter une série de petites histoires d’environ 1 minute, et de les raconter 30 minutes après les avoir écoutées. 

Les résultats ont révélés que le panel de sujets avaient des performances inférieures à hauteur de 18%, ainsi qu’une anomalie de forme de l’hippocampe en comparaison aux non fumeurs. 

Et quand on arrête, quelles sont les effets sur la mémoire à court terme?

Pour le savoir, il faut à nouveau faire des tests sur des sujets. Cette fois-ci, l’étude a été réalisée sur 88 jeunes, entre 16 et 25 ans qui consommaient environ une fois par semaine. Les chercheurs du General Hospital de Boston, ont demandé à ⅔ des sujets de ne pas fumer pendant un mois, et ont effectué divers tests mentaux.

Il se trouve que ceux qui avaient arrêté de fumer ont eu de meilleure résultats que les autres concernant la mémoire verbale et globale, des la première semaine. Les autres, ont connu une légère amélioration de leur scores, probablement grâce au fait de s’habituer aux tests, selon les chercheurs. 

Ces résultats publies dans le “journal of clinical psychiatry” suggèrent alors que les conséquences ne sont pas forcément irréversibles. Cela rejoint une autre étude qui avait obtenu des résultats encore plus rapides.

Effectivement, les consommateurs de cannabis connaissaient une baisse du nombres de récepteurs CB1, alors que normalement leur nombre est très élevé au sein de l’hippocampe qui joue un rôle clé dans la mémoire. Seulement, après 2 à 3 jours d’arrêt, la régulation du CB1 revenait à la normale. 

 

Les chercheurs concluent alors: “ Des études ultérieures sont nécessaires pour déterminer si l’amélioration de la cognition avec l’abstinence est associée à une amélioration des résultats scolaires et autres résultats fonctionnels”.