Vers la légalisation du cannabis en France?

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Dans un contexte où de plus en plus de pays pénalisent ou légalisent l’usage du cannabis, on peut se demander quelle est la situation actuelle de la France vis à vis de la question, et où les débats se sont ils arrêtés?

Le cannabis en quelques chiffres:

Selon L’OFDT (L’observatoire Français des Drogues et de la Toxicomanie), en 2016, 42% des 16-64 ans déclarent avoir déjà fumé.

Toujours en 2016, 17 millions de Français disent avoir déjà tenté l’expérience, 5 millions d’entre eux auraient consommé seulement une fois dans l’année tandis que 700 000 auraient un usage quotidien de la substance.

Selon l’OFDT, la consommation serait générationnelle puisque la majorité des consommateur quotidien se situerait entre 26 et 34 ans.

Quelle est la différence entre légalisation et dépénalisation?

La légalisation comme son nom l’indique donne un cadre restrictif à une action ou un produit. Des pays tels que l’Uruguay, le Canada, ainsi que 8 états aux Etats-unis (Colorado, Oregon, Alaska,Washington, Californie, Arizona, Nevada, Massachussetts) ont eu recours à cette pratique.

Alors que la dépénalisation consiste à la renonciation à punir pénalement l’usage du produit, c’est à dire qu’il n’y a plus de sanction ou d’infraction. Cela a été adopté par les pays bas, qui autorisent la possession à hauteur de 5g par personne, l’Allemagne (entre 6 et 15g), la Suisse (10g), la Belgique (3g), le Portugal (25g) et l’Italie (5g).

Cependant, cela ne signifie pas que tout est autorisé. Pour prendre un exemple concret, l’alcool est légal et l’ivresse n’est pas un délit, mais l’ivresse sur la voie publique ou au volant sont réprimés. Au Portugal, la dépénalisation des drogues est effective mais l’usage sur la voie publique est une infraction.

Que dit le gouvernement Français?

Le gouvernement reste clairement opposé à la légalisation selon une source de Matignon, mais une réflexion est en cours sur l’usage thérapeutique. Selon une étude, le cannabis thérapeutique pourrait être en mesure d’aider à la guérison de:

  • Formes d’épilepsies résistantes aux traitements
  • Douleurs neuropathologiques
  • Effets secondaires de la chimiothérapie
  • Contractions musculaires incontrôlées et scléroses en plaque
  • Soins palliatifs

 

Que dit l’opinion publique?

Une enquête de l’OFDT réalisée fin 2018 montre que 54% des français sont opposés à une légalisation ou une dépénalisation. En juin 2018, une enquête de l’IFOP cette fois, déclare que 44% des français y seraient favorable sous certaines conditions.

En chiffres:

51% sont favorables à une régulation et un encadrement par l’Etat
53% pensent que cela favoriserait les addictions
43% pensent qu’une régulation pourrait contribuer à une perte des valeurs morales

En somme, les Français sont partagés.

Aux dernières nouvelles

La note la plus récente du gouvernement à ce sujet date du 20 juin 2019 et s’interroge sur le fait que le système de prohibition promu par la France depuis plus de 50 ans pourrait être un échec. En effet, il y est écrit que le système se révèle inapte à protéger les plus fragiles, notamment les plus jeunes, et que la consommation est davantage préoccupante chez les mineurs. Selon le rapport, le pays dépense plus de 500 millions dans la répression, et plus de 100 000 arrestations sont effectuées chaque année, en résulte beaucoup de discrimination et peu d’efficacité selon Emmanuel Auriol.

Une proposition a alors été émise pour un monopole de production et de distribution du cannabis, en d’autres mots: une légalisation totale comme en Uruguay, au Canada et dans certains états américains. Cette mesure permettrait de:

  • Lutter contre le crime organisé
  • Restreindre les produits aux plus jeunes
  • Développer un secteur économique qui pourrait créer de l’emploi et des recettes fiscales

Vers la libéralisation?

Pas tout à fait! Ce principe consiste a autoriser la vente libre, et l’état vérifierait les mesures d’hygiènes comme c’est déjà le cas pour des denrées alimentaires telles que la viande et le lait. En France, seul François Michel Lambert serait en faveur de cette pratique, mais c’est loin d’être le cas des autres membres du gouvernement, ou même des autres pays du monde.